Parole d’expert.e : Une dentiste
04. 11. 2022

On se pose tant de questions au sujet des dents des enfants. Pour vous aider au mieux, nous nous sommes rapprochés du Docteur Emmanuelle Kulig, chirurgienne dentiste à Uzès depuis 1996 et maman de deux enfants. Elle a gentiment accepté de partager avec nous son savoir et de répondre aux questions que l’on se pose en tant que parents. 

Bonjour Docteur Kulig, pourriez-vous nous expliquer les différences entre les dents de lait et les dents définitives ?

Les dents de lait sont plus fines, possèdent moins d’émail et sont beaucoup moins minéralisées. Elles sont donc plus fragiles que les dents d’adultes, le risque de carie ou de casse est bien plus important. Cette immaturité dentaire les rend plus vulnérables aux infections et aux abcès. Pour garder des dents de lait saines et en bonne santé, il a deux facteurs à prendre en compte : la qualité naturelle de l’émail et et l’hygiène bucco-dentaire. 

Pourriez-vous nous expliquer comment se forment les caries ?

Nous avons tous des bactéries dans la bouche, dans la salive, c’est tout à fait normal. Si vous ne vous brossez pas les dents, un dépôt se forme et les bactéries vont se nourrir de celui-ci. Le processus de digestion des bactéries crée une production d’acide qui va dégrader l’émail. Cette dégradation entraîne la déminéralisation qui se matérialise par l'apparition de taches blanches qui évoluent en taches brunes qui correspondent au ramollissement de la dent et c’est à ce moment que se forment les caries.  

Quels sont vos meilleurs conseils pour éviter les caries ?

Malheureusement, nous ne sommes pas tous égaux face aux caries : la qualité de notre l'émail est liée à notre patrimoine génétique. C’est pour cette raison qu’une bonne hygiène est fondamentale pour éviter les caries.

Il faut ensuite éviter le grignotage, si un enfant veut boire une boisson sucrée ou manger des bonbons, il vaut mieux le faire en fin de repas, ou pendant le goûter, mais s’il y a des grignotages tout au long de la journée, on maintient le pH salivaire en acidité toute la journée et là on va vraiment faciliter de travail des bactéries et augmenter le risque de caries.

Bien que l’imaginaire collectif nous fasse régulièrement croire que les bonbons sont les meilleurs amis des caries, il ne faut négliger aucun aliment. Tous les aliments sont cariogènes à partir du moment où les dents sont mal brossées. Le tout est d’éviter les dépôts alimentaires. 

Pour apprendre au plus tôt les bons gestes, habituez vos enfants à se laver les dents même dès le plus jeune âge. Dès qu’il y a des dents, on brosse, et ce après chaque repas. Pour les bébés, un léger brossage avec de l'eau suffit amplement. Pour les enfants un petit peu plus grands, on utilise du dentifrice adapté et on se lave les dents deux à trois fois par jour en fonction de si ce dernier mange à la cantine ou non. Cependant, pour les enfants porteurs d’appareil dentaire, le lavage des dents trois fois par jour devient indispensable. 

Auriez-vous une anecdote marquante dans le cadre de votre carrière à partager avec nous ?

Il y a très longtemps, j’ai reçu une petite fille d’environ 8 ans, son incisive centrale définitive sortait déjà et était plus longue que les autres, à la suite d’une bagarre avec son frère, celle-ci était fracturée, coupée en deux au niveau de la racine !  Fallait-il tout enlever ? Vu le jeune âge de la patiente, j’ai décidé de conserver la dent et de la ré-enfoncer après une anesthésie bien sûr. Huit semaines plus tard, elle revient avec de nouveau la même dent cassée. Je répète alors l’opération. J’ai suivi cette jeune fille plusieurs années, et cette dent pourtant fortement traumatisée a terminé sa croissance et son édification de racine : elle est restée vivante !  Les dents des enfants ont un incroyable potentiel de cicatrisation qu’il faut, je pense, ne jamais oublier de prendre en compte. Un praticien plus radical aurait pu arracher la dent définitive dès 8 ans et imposer à cette petite fille au-delà du côté disgracieux d’un trou, un protocole beaucoup plus lourd avec soit des bridges, un implant qu’elle n’aurait pas pu faire avant 18-20 ans.

 

Merci Dr Kulig d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.